dimanche 31 octobre 2010

Ready, steady, go...


Vendange tardive mais ça arrive... Ce blog est désormais une porte d'entrée vers un site, une vallée numérique s'ouvrant sur une plaine dans la toile virtuelle mais colorée. Toute l'expédition de poésie/poesìa est désormais ici.

Reste l'exposition à la Commanderie de La Commande. Voir ici.

Le 27 et 28 novembre à Pau, Palais Beaumont.
C'était la sortie papier d'un livre chez nuitmyrtide autour du projet "poésie/poesìa".
Pour les liseuses/e-book, mise en ligne de "poésie/poesìa" chez publie.net dans la collection Art & Portfolio.
Pour les i-pad, il y aura un site sur www.vazemsky.com, avec photos et vidéos.
On essaiera de lancer une application e-phone.
Edition également d'une affiche et d'une carte postale.

Et à chaque fois, le fond s'adapte à la forme, traquant ce qui, justement, est inhérent à la forme...et modifie l'écriture in situ.

Le 10 décembre, on continue les explorations formelles, in situ encore, dans une chapelle. Près de la Maison des Vins de Jurançon, dans la familière Commanderie de Lacommande, dont le cimetière abrita déjà, il y a un temps, quelques lettres, encore visibles d'ici...

Ah j'oubliais, toutes les publications seront en bilingue, français/espagnol. Et en 2011, on traverse les Pyrénées, à pied, avec les sherpas de la Maison de la Montagne, via Lescun jusqu'à Hecho, puis Huesca. Un ou plusieurs groupes, les lettres sur le dos, ou sur celui de l'âne... qui a dit qu'un âne ne pouvait pas porter la poésie aux sommets ?
Sûrement pas Joachim-Raphaël Boronali!

jeudi 6 mai 2010

Il suffit de peu. Le plus dur est de mettre en marche la machine. Repli sur soi. Ouverture. Captation. Digestion. La respiration du monde, à travers mon corps...
L'image de la balane me revient, ce petit cratère de calcaire blanc, coquillage commun, sortant ses filtres à plancton quand immergé à marée haute...
Je me suis arrêté, arrêté d'écrire, pour aller refouiller au fond de la coquille, des mots déjà sortis, à ce sujet...
Me retrouvant encore chez moi dans cette image, que je reglisse ici:

"Game over pour aujourd'hui. Je cherche ces tourbillons de sens. Le moment où la trappe cède sous les pieds pour une floraison de connexions. Produisant une expansion. Comme une justification. Du sens.
Et par là-même, un lien au monde.
A l'image d'une anémone ouvrant ses branchies pour filtrer le plancton, puis se refermant...
Ou d'une balane, incrustée sur le rocher, à marée haute immergée. Un temps.
Coquille, centrale immobile. Cratère minéral d'où éruptent les cirres. Filtrant les organismes en suspension.
En aucun cas prédateurs. Le nom est "suspensivore". Se nourrissant par filtration du monde qui les entoure.
A marée haute. Altitude zéro.
La fixité se nourrit de la vague, la filtre pour augmenter ses concrétions calcaires. Sa coquille. Sa carapace.
Niveau zéro de l'écriture.
Le suspensivore se nourrit d'une intuition,
d'un sentiment attrapé dans l'autour
que quelquechose est en train de se passer.
Et va vers sa résolution.
L'immanence d'un certain suspens."


Pour en revenir à aujourd'hui -et cette autre image qui m'a poussée à poster de nouveau quelques mots sur ce blog - image offerte par Valeria Brancaforte, au détour d'une conversation autour de "poésie-poesìa":

"C'est normal ce vide, après...
Comme un bagage, après un long voyage,
ouvert, les vêtements étalés, autour..."


"Image" j'ai lu - au lieu de "bagage", et pour moi "tout" était là.
Des choses oubliées sont venues flotter autour de cette image qui les a attrapées. Les essayages d'habits de montagne dans les locaux de la maison de la montagne, ce pull resté au fond de mon sac, appartenant à la maison de la montagne, que j'ai ramené jusqu'ici, mon tee-shirt, là-haut, séchant au soleil... Mais je n'ai pas le temps de continuer, j'y reviendrai...

(et il saisit ses valises, partit en courant, comme s'il avait un train à prendre, pour ailleurs...)

mercredi 5 mai 2010

back again!

J'ai retrouvé le chemin, un nouveau projet qui semble me rattacher de nouveau à "poésie/poesìa". Cela fait un bout de temps que rien ne venait, tout a commencé juste après la réalisation de cette image de poésie en cordée, que je portais en moi depuis pas mal d'années, et qui fut "actée" promptement et bellement en février dernier avec la Maison de la Montagne.
Après plus rien. Vidé.
Et la panne de moteur au milieu du désert, à des milles de toute ville, m'ayant toujours intéressé, je n'ai pas forcé la sortie.
Je l'ai laissé venir, méthode naturelle. Si ça se rattache, ça se rattache, ça passe ou ça casse...
La seule méthode acceptable à mes yeux. Laisser mijoter. Pas de cuisson forcée. Et s'il n'y a plus de jus, ne pas forcer.
Laisser mariner à l'intérieur, toutes ces choses entassées dans le corps et l'esprit...
"And POP goes the weasel!"

Du fond du marais, une bulle émerge et je réintègre mon propre projet par cette nouvelle idée: dont voici un rapide jeté photographié dans l'atelier à wazemmes. C'est par cet objet, panoramique de 6 photos, genre dépliant touristique recto verso que je me raccroche de nouveau aux wagons, comme s'il me fallait une image à créer pour retrouver la tension. Une idée vraiment personnelle pour reprendre le mouvement vers sa réalisation. Un projet me redonnant la force d'avancer.

La force liée à la première gravure, l'image de la cordée dans la neige, semble s'être éclatée en autant de participants, lors de l'expédition première vers les aiguilles d'ansabère . Un groupe fut créé. L'idée partagée... et quelque part perdue...
J'avoue aussi que un petit passage par Bachelard et sa "Poétique de l'Espace" fut porteur. L'introduction pour tout dire...
Le reste est un peu long...
Je finis et vous en dit plus...

A suivre, donc...

jeudi 1 avril 2010


Je suis perdu. Cela fait quatre jours que je tourne l'aventure passée sous toutes ses coutures.
Je n'arrive pas à m'en sortir.
Peut-être n'ai-je pas envie.
De m'en sortir.

L'aventure vient se mélanger à d'autres, engagées, à 260 corps de soldats australiens, sortis de terre, dans ces champs de batailles qui furent mon terrain de jeu, mon lieu d'enfance. 260 soldats exhumés, après quatre vingt dix années passées côte à côte, dans un champ, près du bois du faisan...
Aujourd'hui, à cet endroit-là, il y a un espace vide, un paysage entouré d'une petite barrière, à l'oeil nu c'est une prairie, verte, à l'herbe tendre, printanière. Entourée de barrière. Vu d'un autre oeil ( d'un autre versant aurais-je pu dire pour reprendre une expression employée ici hier), cette prairie est un remue-tripes, j'y passe et, très vite, une boule informe monte en moi, un mélange de tristesse et, pour la première fois hier, le rouge de la colère m'est apparu surnageant les hectolitres de sang, versés là... c'est dans cet espace vide, que je vais venir poser le mot "ROUGE", le temps d'une photo, je file déjà vers d'autres projets, les Pyrénées se mélangeant à la plaine des Flandres...

J'ai bien quelques idées sur ce projet "poésie/poesìa", mais rien de convaincant: il s'est vraiment passé quelque chose, d'encore vague, mais présent, ou pressenti, que je veux essayer de cerner...
Là est mon travail. Epingler avec la dague de l'esprit, la forme fantomatique qui rode sur les remparts de ma personne.

Je me laisse le temps de la mue, à vue de nez, là où le soleil m'a frappé, sur la crête du tarin, rouge fut sa couleur au début. La peau désormais tombe, comme un effet secondaire de cette poésie emmenée aux sommets et du soleil posant ses couleurs sur chacun d'entre nous.
Le temps de la mue.

Au dessus du bureau, la gravure à l'origine du projet, une idée jetée, monotype en rouge et noir. Pendant des années cette gravure fut la seule image de ce projet. Aujourd'hui, je la trouve un peu plate, un peu maladroite.
Elle portait toute une tension, un aller-vers, des potentiels. Voilà qu'elle vient d'être projetée dans le royaume des croquis préparatoires d'une idée actée. La mue est là. Je crois.

Mon projet est devenu notre histoire.

mercredi 31 mars 2010



L'image est belle...
Une trace infime d'un temps passé dans la montagne.
Une image qui, vue de ce versant, à nous qui y étions, est le souvenir d'un temps pris, ensemble.
Vue de l'autre versant, le vôtre sans doute, cela me semblerait, à votre place, une image étrange, comme tirée d'un film, d'un autre monde, d'une aventure... cette image est délimitée, cadrée, colorée, figurative, lettrée, mais une fois traversée par votre regard elle se remplit d'imaginaire et de rêve, si, et seulement si, en vous, elle est écho.
L'écho d'une chose déjà présente et retrouvée dans cette image.

Nous, nous l'avons fait, vécu, nous savons le hors-cadre, la morsure du vent, les refuges et les tablées riantes, cette image pour nous fait partie d'un temps plus long, carné, dont elle n'est qu'un instant figé. D'un tout. Passé.

Un passage en fraude
de poésie, sans papier, via la vallée d'aspe,
vers l'espagne et les sommets.

Une aventure qui n'est là que parce que nous fûmes tous là. Pour la plupart inconnus, groupés au dernier moment, encordés, chacun amenant ce qu'il est. Chacun apportant sa pierre de l'édifice. Un mot. Six lettres.
Une manque, et le mot n'est plus.

Et puis il y a le reste. Le geste. Une certaine alchimie. Qui fait que cette aventure fut plus qu'un simple mot trinqueballé sur la page blanche de la neige dans ses derniers instants avant le printemps germant. Plus que de simples lettres endossées pour une ascension groupée vers le sommet, il y eut, dans tout ce beau bazar, la magie de la phrase.

L'aventure fut une des plus belles, le genre d'aventure qui valident les chemins, des fois, un peu trop solitaires, à porter ses idées contre vents et marées, à sortir la lance au moindre moulin à vent. De ces chemins empruntés, souvent à d'autres aussi, à lire, à prendre le temps de devenir ce que l'on est, de se chercher, des noises, pour se casser la gueule, en avançant vers là où l'on croit être, à écrire, à s'écrire, à se lire, arpenter ces chemins où l'on prend le temps de se former, de s'atteler à une tâche que l'on est seul à pouvoir faire: bouffer sa vie, mâcher la chair fraîche de l'instant, se frotter au réel malgré tout et rentrer dans le lard du monde pour en toucher l'essence.

La lourdeur de ce chemin n'est relevée
que par la beauté des rencontres.

Et dans cette traversée des Pyrénées, avec la poésie épaulée, quelque chose s'est passé, entre nous.
Bien plus qu'un simple mot.
Peut-être le souffle du verbe...

Comme une grosse patte d'ours
nous caressant les cheveux.